NAPOLEON 1er (2ème partie - Les campagnes)

Publié le par FRANCE CITOYENNE COMBATTANTE

   
          
 
 
 
L’Empire victorieux
Première distribution de la Légion d'honneur instituée par l'empereur le 14 juillet 1804 dans la chapelle des Invalides d'après le peintre Jean-Baptiste Debret
En 1804, l’heure n’est donc pas encore aux vastes conquêtes, et, persuadé depuis longtemps que le seul moyen d’obtenir une paix définitive est de neutraliser le Royaume-Uni, Napoléon met au point, avec l’amiral Latouche-Tréville (qui mourra avant d’avoir pu l’exécuter), un plan visant à l’invasion du Royaume-Uni. Cette ambition sombre définitivement à la bataille de Trafalgar, où la flotte franco-espagnole commandée par l’amiral de Villeneuve est détruite par celle de l’amiral Nelson. Le Royaume-Uni y gagne la domination des mers pour le siècle à venir.
En 1805, la Troisième coalition se forme en Europe contre Napoléon. L’Empereur qui, à Boulogne, supervisait les préparatifs en vue de l’invasion du Royaume-Uni, doit faire face à une guerre soudaine, et à l’autre bout de l’Europe. Il mène une offensive immédiate, acheminant la Grande Armée en Autriche à marche forcée, et s’assure une brillante victoire contre l’Autriche et la Russie à la bataille d’Austerlitz, dite « bataille des Trois-Empereurs ».
En 1806, la Prusse provoque un nouveau conflit. La campagne que mène Napoléon (« l’Esprit en marche », selon Hegel) est impressionnante de rapidité : il balaie l’armée prussienne à la bataille d'Iéna (doublée de la victoire de Davout à Auerstaedt où, avec 30 000 hommes, le Maréchal Davout bat les 63 500 Prussiens qui l'assaillent). L’année suivante, Napoléon traverse la Pologne, remporte une victoire sur les Russes à Friedland et finit par signer, à Tilsit, au milieu du Niémen, au cours d'une entrevue dont la mise en scène est conçue pour frapper les esprits, un traité avec le tsar Alexandre Ier, qui divise l’Europe entre les deux puissances.
Pourtant formé dans les écoles et par les maîtres de l’Ancien Régime, officier de l’armée royale, Napoléon brise les anciennes conceptions militaires. Il ne s’agit plus pour lui de livrer une guerre de siège à l’aide de 30 à 50 000 hommes, mais de rechercher la bataille décisive, engageant plus de 100 000 hommes s’il le faut. Son objectif n'est pas de rester maître du champ de bataille, mais d’anéantir l’ennemi.
En 1808, Napoléon crée la noblesse d’Empire : bientôt ses maréchaux et généraux arboreront des titres de comte d’Empire, prince de Neuchâtel, duc d’Auerstaedt, duc de Montebello, duc de Dantzig, duc d’Elchingen, roi de Naples.
Du 27 septembre au 14 octobre 1808, Napoléon donne rendez-vous à Alexandre Ier à Erfurt, pour un nouveau traité, afin qu’ils s’unissent contre l’Empire d'Autriche qui menace de redéclarer la guerre à la France. Le tsar refuse en préférant que ce traité soit établi dans le but de renouveler l’alliance qui s’était forgée entre eux l’année précédente à Tilsit ; cela permet en fait à Napoléon de s’assurer encore plus longtemps de la fidélité d’Alexandre. Mais c'est un échec car l'empereur s'aperçoit bientôt de la trahison de Talleyrand, qui avait approché le tsar en lui conseillant de résister à Napoléon, même s'il était séduit.
Articles détaillés : Traité de Tilsit et Congrès d'Erfurt.
Campagnes de la péninsule Ibérique et d’Autriche
Mariage religieux de Napoléon et Marie-Louise dans le Salon carré du Louvre, par Georges Rouget.
En réponse à l’attitude britannique vis-à-vis des bateaux de commerce français, Napoléon tente d’imposer le Blocus continental, qui vise à asphyxier l’industrie britannique. Le Portugal, vieil allié des Britanniques, refuse de signer ce traité. Napoléon recherche donc l’aide de l’Espagne pour envahir le Portugal. Il finit par envahir l’Espagne et y installe son frère Joseph Bonaparte comme roi. Le Portugal est également envahi, mais trois campagnes (1808, 1810, 1811), menées notamment par le général Junot et le maréchal Masséna ne viennent pas à bout de la résistance anglo-portugaise ; le roi Jean VI de Portugal, la cour et le gouvernement portugais déménagent à Rio de Janeiro et le Brésil devient le siège du royaume jusqu'à 1821. Une partie de la population espagnole se soulève contre les Français. Bientôt, l'infanterie britannique commandée par le futur duc de Wellington, après avoir débarquée au Portugal en 1808, prend pied en Espagne. Avec l’aide des nationalistes espagnols, elle pousse peu à peu l’armée française hors de la péninsule Ibérique. Alors que les meilleures troupes de l’armée française sont engagées en Espagne, l’Empire d'Autriche attaque une nouvelle fois la France en Allemagne et elle est finalement vaincue lors de la bataille de Wagram. Le maréchal Lannes, compagnon et ami de Napoléon, périt à la bataille d'Essling.
Quelques mois plus tard, le 2 avril 1810, Napoléon épouse l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, qui, le 20 mars 1811, lui donnera un fils ; cet enfant sera titré roi de Rome et nommé « Napoléon II ».
Articles détaillés : Marie-Louise d'Autriche et Napoléon II.
Le « Grand Empire » compte alors 130 départements, qui vont d’Amsterdam à Rome, et une population de 70 millions d’habitants (dont 30 seulement sont français), cela sans compter plusieurs états vassaux (royaume d'Italie, Naples, Confédération germanique, etc.) L’Empire est à son apogée.
L’Empire napoléonien à son apogée en 1811 Empire français États vassaux Alliés de l'Empire
Campagnes de Russie et d’Allemagne
Alexandre Ier, poussé par la noblesse russe acquise aux Britanniques, refuse de coopérer avec Napoléon pour porter le coup final au Royaume-Uni. Napoléon, croyant la guerre inévitable, envahit la Russie en 1812. La Grande Armée, grossie de contingents italiens, allemands et autrichiens, devient gigantesque : ce sont 600 000 hommes qui franchissent le Niémen. Les Russes, dirigés par Koutousov, appliquent la stratégie de la terre brûlée, reculant sans cesse devant les troupes françaises. La bataille de la Moskowa, le 12 septembre, est indécise. Bien que les Russes abandonnent le terrain, les pertes sont presque équivalentes dans les deux camps.
Dès le lendemain de l’entrée des troupes françaises dans leur capitale, les Russes incendient la ville. Napoléon, espérant une démarche de la part d’Alexandre, s'attarde à Moscou. Lorsqu'il donne le signal de la retraite, l'hiver est dangereusement proche. La Grande Armée entame une course désespérée vers l’Allemagne à travers les régions dévastées qu’elle a parcouru à l’aller. Le froid, la neige et les cosaques provoquent d'effroyables pertes. Des 600 000 hommes qui entrèrent en campagne, seuls quelques dizaines de milliers franchissent la Bérézina. La Grande Armée est détruite.
Article détaillé : Campagne de Russie (1812).
Encouragés par ce dramatique échec, les rois reprennent les armes contre la France. Malgré deux victoires remportées en Allemagne (Bautzen et Lutzen), une partie de ses alliés allemands trahit Napoléon sur le champ de bataille même de la bataille de Leipzig, aussi appelée « Bataille des nations », qui voit s’opposer 180 000 Français à 300 000 alliés (russes, autrichiens, prussiens, suédois). La défaite subie ce jour là est décisive. Le maréchal Poniatowski, prince polonais et neveu de Stanislas II, dernier roi de Pologne, y perd la vie en tentant de traverser l’Elster avec ses hommes. On dénombre 100 000 morts et blessés.
Campagne de France
Article détaillé : Campagne de France (1814).
Acte de la première abdication, 12 avril 1814.
En 1814 se forme une alliance entre le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, l'Empire russe, le Royaume de Prusse et l’Empire d'Autriche. Malgré une série de victoires (batailles de Champaubert, Montmirail, ...) remportées par Napoléon à la tête d’une armée de jeunes recrues inexpérimentées (les « Marie-Louise »), Paris tombe le 31 mars et les maréchaux forcent l'Empereur à abdiquer. L’intention de Napoléon était de le faire en faveur de son fils (Napoléon II), mais les puissances alliées exigent une abdication inconditionnelle.
Napoléon, qui pense que les alliés vont le séparer de l’impératrice Marie-Louise d'Autriche et de son fils le roi de Rome, prend, dans la nuit du 12 au 13 avril, une dose de poison qui doit lui permettre de se suicider. On a longtemps cru qu'il s'agissait d’opium dans un peu d’eau mais il semblerait que ce ne soit pas le cas[25]. Les troubles et la nature du malaise de Napoléon ne correspondent pas à une intoxication par l'opium. S'il choisit cette façon de mourir, c'est qu'il pense que son corps sera par la suite exposé aux Français : il veut que sa garde reconnaisse le visage calme qu’elle lui a toujours connu au milieu des batailles.
En plein malaise, l’Empereur se plaint du lent effet de la substance qu’il a avalée. Il déclare à Armand de Caulaincourt : « Qu’on a de peine à mourir, qu’on est malheureux d’avoir une constitution qui repousse la fin d’une vie qu’il me tarde tant de voir finir ! ». Les nausées de Napoléon sont de plus en plus violentes, il se met à vomir. À la venue du docteur Yvan, Napoléon lui demande une dose de poison supplémentaire mais le docteur refuse, en disant qu’il n’est pas un assassin et qu’il ne fera jamais une chose allant à l'encontre de sa conscience. Le docteur a lui-même une crise de nerfs, s'enfuit à cheval, et personne ne le revoit plus. L’agonie de l’Empereur se poursuit, Caulaincourt sort de la pièce pour demander au valet de chambre et au service intérieur de garder le silence. Napoléon rappelle Caulaincourt en lui disant qu’il préfère mourir plutôt que de signer le traité. Les effets du poison se dissipent et l’Empereur peut reprendre ses activités normales[26].
Il est, par la suite, déchu par le Sénat le 3 avril et exilé à l’île d’Elbe, selon le traité de Fontainebleau signé le 11 avril, conservant le titre d’Empereur mais ne régnant que sur cette petite île.
Représentation caricaturale de Napoléon sur l'ile d'Elbe
Vue de la maison de Napoléon (Palazzina dei Mulini) à Portoferraio, sur l'île d'Elbe.
Les Cent-Jours
Article détaillé : Cent-Jours.
En France, Louis XVIII écarte « Napoléon II » et prend le pouvoir. Napoléon s’inquiète du sort de sa femme et surtout de son fils qui est aux mains des Autrichiens. Le gouvernement royaliste refuse bientôt de lui verser la pension promise et des rumeurs circulent quant à sa déportation vers une petite île de l’océan Atlantique sud. Napoléon décide donc de retourner sur le continent pour reprendre le pouvoir.
La Route Napoléon et le « Vol de l’Aigle »
  • 1er mars 1815 : Débarqués à Golfe-Juan, Napoléon et sa petite troupe gagnent Cannes où ils arrivent tard et d’où ils repartent tôt.
  • 2 mars : Voulant éviter la voie du Rhône qu’il sait hostile, Napoléon fait prendre alors la route de Grasse pour gagner, par les Alpes, la vallée de la Durance. Au-delà de Grasse, la colonne s’engage dans de mauvais chemins muletiers et s’arrête à Saint-Vallier, Escragnolles, et Séranon.
  • 3 mars : Après une nuit de repos, la troupe gagne Castellane ; dans l’après-midi, elle atteint Barrême.
  • 4 mars : Napoléon trouve à Digne la route carrossable et fait étape le soir au château de Malijai, attendant avec impatience des nouvelles de Sisteron dont la citadelle, commandant le passage étroit de la Durance, peut lui barrer la route.
  • 5 mars : Sisteron n’est pas gardée et Napoléon y déjeune, puis quitte la localité dans une atmosphère de sympathie naissante. Le soir, il arrive à Gap et y reçoit un accueil enthousiaste.
  • 6 mars : Il couche à Corps.
  • 7 mars : Il gagne la Mure, puis trouve en face de lui, à Laffrey, des troupes envoyées de Grenoble. C’est ici que se situe l’épisode fameux que commémore aujourd’hui un monument dans la « prairie de la Rencontre ». Le soir même, Napoléon fait son entrée à Grenoble aux cris de « Vive l’Empereur ».
Les armées envoyées pour l’arrêter l’accueillent en héros partout sur la route qui porte aujourd'hui son nom. Le maréchal Ney, qui avait juré à Louis XVIII de lui ramener Bonaparte dans une cage de fer, s’incline devant son ancien souverain, ce qui lui vaudra d’être le seul maréchal exécuté pour trahison lors de la Seconde Restauration. Napoléon arrive sans coup férir à Paris. Cette montée à Paris est connue comme le « Vol de l’Aigle », inspiré des paroles de Napoléon : « L’Aigle volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame ». En 1932, la Route Napoléon sera inaugurée entre Golfe-Juan et Grenoble. Des aigles volants jalonnent ce parcours.
Le retour au pouvoir et la défaite finale
HMS Northumberland (1798)
La fuite de Louis XVIII et le retour de Napoléon aux Tuileries le 20 mars 1815 marquent le début de la période dite des Cent-Jours. Napoléon fait établir l’Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire (rédigé le 22 avril, approuvée le 1er juin). Une Chambre des représentants est élue.
Sur le plan international, Napoléon affirme ses volontés pacifiques, mais les alliés n’acceptent pas ce retour et reprennent les armes contre la France. L’armée napoléonienne est finalement défaite à la bataille de Waterloo le 18 juin 1815. La jonction des armées prussiennes et britanniques, que ne peut empêcher le maréchal Grouchy, a raison des troupes impériales.
Le retour de Napoléon et sa défaite finale rendent encore plus précaire la situation internationale de la France. Celle-ci est traitée plus durement par les alliés en 1815 que lors des traités de Vienne. Napoléon laisse en effet une France exsangue. Démographiquement, elle a perdu environ 1 700 000 hommes depuis 1792, dont la majorité pendant les guerres napoléoniennes. Elle est économiquement ruinée. Ses ports et ses arsenaux le sont également. Le pays a perdu toutes les colonies qui lui restaient de l’Ancien Régime. Son influence internationale, mise en place depuis Richelieu et Louis XIV, est réduite à néant. Le territoire national est ramené à une étendue moindre que sous Louis XVI. La Sarre et les villes de Marienbourg, Philippeville et Landau, acquises sous Louis XIV, sont cédées aux coalisés. De plus ce territoire est occupé, et le pays doit payer une lourde indemnité de guerre pour l’entretien des troupes étrangères établies sur son sol.
Il rentre à l'Élysée le 21 juin et abdique en faveur de son fils Napoléon II. Devant le rapprochement de Paris des armées de la septième Coalition, il quitte le palais le 25 pour le château de Malmaison puis le 29 prend la route incognito en calèche isolée (habillé en bourgeois) pour Rochefort où l'attendent deux frégates la Saale et la Méduse, souhaitant rejoindre les États-Unis. Joseph Fouché, président du gouvernement provisoire, alerte les Britanniques sur les risques de fuite de Napoléon. Plusieurs corvettes anglaises escortant le vaisseau le Bellérophon sont dépêchées dans le pertuis d'Antioche, contraignant Napoléon à négocier.
Demandant l'asile au « plus constant de ses ennemis », l'Angleterre, il est d'abord pris en charge par le Bellérophon, puis transféré le 7 août 1815 sur le Northumberland qui le déposera à Sainte-Hélène. On ne lui donne pas l'occasion de poser le pied en Angleterre, les officiers britanniques voulant absolument éviter que Napoléon puisse demander le droit d'asile en invoquant l'Habeas Corpus.
Lorsque Napoléon quitte la France, il n’est pas regretté. C’est à Sainte-Hélène que va se forger sa légende. Par ailleurs, les Britanniques, qui n'ont jamais officiellement reconnu l'Empire, affectent d'appeler Napoléon « général Bonaparte », ce qui met l'Empereur hors de lui.

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